Parce que le français, c’est NOTRE langue!

Photo : Christian Chomiak (Unsplash.com)

C’est de plus en plus difficile au Québec de défendre le français, de parler français, d’être servi en français, de faire instruire ses enfants en français, de bien écrire le français, de travailler en français, d’écouter de la musique en français, d’exiger que les anglophones et les immigrants apprennent le français et de ne pas céder à l’anglomanie et au franglais. « Après tout, entend-on, la langue officielle du Canada est l’anglais, et personne ne s’intéresse au français en Amérique. L’important est de se comprendre. »

Heureusement, ce n’est pas l’avis de tout le monde et le projet de loi 96 va plutôt dans le sens contraire, encore qu’il ménage les anglophones.

Il est peut-être temps de réaliser qu’une langue commune, pour un peuple, n’est pas une affaire de choix. On ne choisit pas sa langue comme on choisit son char. On parle une langue parce que c’est notre langue, notre langue maternelle, celle qu’on a apprise avec le lait de notre mère et la grosse voix de notre père. On ne choisit pas ses origines et on ne peut pas non plus s’en inventer. En nous apprenant à parler, nos parents nous ont aussi appris une façon de penser et de vivre dans ce pays, comme ils l’ont eux-mêmes appris.

Nous ne sommes pas des Américains et nous ne sommes pas des Canadiens anglais. Nous sommes des Canadiens français, aujourd’hui Québécois, ceux-là mêmes qui ont exploré et habité ce pays d’un océan à l’autre et jusqu’en Louisiane. Nous sommes un peuple unique, né de jeunes aventuriers Français qui ont tout risqué à l’âge de 20 ans et se sont associés aux Autochtones pour s’établir et survivre ici, le petit Claude Bouchard et le petit Pierre Tremblay dans Charlevoix, le jeune René Plourde et le jeune Pierre Michaud au Kamouraska, et tous les autres qui se sont ajoutés.

La langue française a pris ici la couleur du pays. Elle a conservé plusieurs mots des lointaines provinces françaises. Mais au contact du froid, du fleuve et de la forêt, elle est devenue cette langue forte, physique, colorée, imagée que nous connaissons, chargée de la joie de vivre des courageux coureurs de bois et des modestes paysans, bucherons et ouvriers que nous avons été. Peu instruits, nos ancêtres ont développé une langue parlée plutôt qu’écrite, pleine de sonorités, d’exclamations, de comparaisons, de raccourcis, de parlures qui font l’étonnement des Français de France. Mais ce n’est pas pour autant une langue bâtarde, c’est une langue vivante, parlée, mais aussi écrite : nous avons une littérature québécoise riche, un théâtre québécois unique, des chansonniers québécois d’une grande poésie et vérité, une créativité étonnante.

Nous pouvons apprendre d’autres langues pour l’utilité, le plaisir, l’échange, mais il n’y a qu’une langue qui nous exprime, qui nous définit, la NÔTRE. Autrefois, nous vivions isolés dans les campagnes : notre langue n’était pas menacée. Aujourd’hui, exposés au grand vent de la mondialisation, nous sommes un îlot français au milieu d’un océan américain. C’est un devoir pour chacun de nous, surtout si nous élevons des enfants ou si nous avons des responsabilités publiques, de parler notre langue, de bien la parler et l’écrire, d’en assurer la présence et le rayonnement partout. Et c’est notre droit le plus strict de le faire.

Le français n’est pas une langue de quêteux. C’est une des grandes langues du monde, utilisée par plus de 300 millions de personnes et qui fut longtemps la langue de la diplomatie et la culture dans tout l’Occident. Notre langue nous permet de parler avec tous les humains.