La Municipalité de Mont-Carmel a manqué une autre occasion de reconnaître sa responsabilité dans le fiasco entourant la fermeture du Camping du lac de l’Est et de fournir des explications claires et appuyées. Pourtant, elle avait deux semaines devant elle pour bien se préparer depuis la sortie de la nouvelle dans les médias et l’annonce de ce rassemblement citoyen.
Il fallait être présent pour entendre la directrice générale de la Municipalité, Maryse Lizotte, se cacher derrière les lois, les règlements et le code municipal pour justifier la prise de décision des élus. Nul doute qu’une Municipalité ne peut faire ce qu’elle veut aux yeux de la loi, heureusement, et certainement pas en terre publique comme c’est le cas pour le Camping du lac de l’Est. Mais ce type de camouflage, qui est ressorti plus d’une fois sans jamais être contextualisé, donne plutôt l’impression d’un écran de fumée devant une incapacité flagrante à gérer les émotions d’êtres humains déçus, avec raison, qui ne demandaient qu’à être écoutés.
Malheureusement, c’est essentiellement la rigidité et le manque de flexibilité de la Municipalité, tel un bulldozer dans une opération de démolition — ironiquement ce qui attend le site — qui est essentiellement ressorti de cette séance. Le minimum aurait certainement été de retenir la suggestion de cet homme retraité, poli et courtois et qui faisait l’unanimité, qui est revenu à la charge plus d’une fois pour demander le report de la date butoir du 23 juin plus tard dans l’été. Ce dernier se disait préoccupé par ceux qui, contrairement à lui, travaillent en semaine et n’auront peut-être pas suffisamment de temps pour démanteler leurs installations et retirer leurs roulottes. Réponse de la directrice générale : « Il y aura un chantier sur le site cet été. »
Un chantier est un bien grand mot. Études de sol et arpentage sont effectivement prévus cette année, mais les installations actuelles des saisonniers sont-elles réellement encombrantes au point d’empêcher le bon déroulement de ces manœuvres, qui impliquent « baguette et GPS » pour reprendre les paroles d’un autre saisonnier ? Il aurait été intéressant d’entendre un arpenteur-géomètre à ce sujet. « L’eau sera coupée et le réseau d’égout est saturé », a-t-on répété. La demande n’était pourtant pas de se brancher au « réseau » pour continuer à camper, mais simplement de bénéficier d’un sursis pour bien quitter les lieux.
Environnement
Ce réseau d’égout saturé serait maintenant la vraie raison qui justifie la fermeture du Camping, après avoir laissé suggérer avec la résolution du 11 avril que la fermeture était plutôt le résultat d’une passation plutôt lente de la gestion du site par la Corporation de développement de Mont-Carmel. Un peu comme le gouvernement caquiste qui fermait tout durant la pandémie sous prétexte qu’il fallait « sauver le système de santé », argument massue, Mont-Carmel joue le même jeu, mais cette fois, en utilisant la carte de l’environnement, sachant très bien que personne ne veut voir le lac de l’Est, « joyau de la municipalité » pour reprendre ses termes, tourner en forme d’étang comme son petit frère le lac Saint-Pierre plus au nord.
Dans une lettre lue par la conseillère municipale et mairesse suppléante Cindy Saint-Jean, on va même jusqu’à évoquer des expertises et des études pour justifier la décision, documents qu’on s’est bien gardé une fois de plus de présenter ou même de résumer aux gens présents dans l’assemblée. On demande donc de croire la Municipalité sur parole, celle-là même qui n’a pas complètement pris ses responsabilités depuis toutes ces années devant l’état de situation des installations du Camping qui lui appartiennent, malgré des appels répétés de la Corporation et des saisonniers sur la désuétude des lieux.
Pire, on se permet même d’ouvrir la plage cet été, alors que bloc sanitaire habituellement utilisé par les baigneurs est relié au réseau d’égout « saturé » qui menace l’environnement. « On réfléchit à installer des toilettes chimiques », a ensuite mentionné le maire Pierre Saillant. Comment ne pas y voir de l’improvisation, après avoir officialisé plus tôt l’embauche du personnel à la plage durant la séance ordinaire ? Il n’y a pas de doutes, Mont-Carmel a réellement l’environnement à cœur !
Victimisation
Le passage le plus parlant de cette lettre lue avant les questions de l’assemblée demeure probablement celui où le conseil municipal se dit « autant choqué que les saisonniers par la sortie médiatique de sa décision ». Que devons-nous comprendre ? Ce type de nouvelle ne concerne pas les médias ? Les journalistes ne devraient pas faire la lecture des procès-verbaux publics des conseils municipaux ? Car c’est bien de cela qu’il est question.
Mise en contexte : une résolution ordonnant la fermeture du camping est adoptée en séance extraordinaire le 11 avril. Une lettre datée du 19 avril, six jours ouvrables plus tard, est envoyée aux campeurs. Entre-temps, le procès-verbal de la séance du 11 avril est publié sur le site internet, public, de la Municipalité. Les médias s’emparent de la nouvelle le 20 avril, avant même que les premiers saisonniers ne reçoivent la lettre. Et dans le cas du Placoteux qui a tenté de joindre le maire Pierre Saillant ce jour-là, ce dernier n’a pas daigné rappeler notre journaliste Stéphanie Gendron avant le 21 avril en après-midi, après de multiples relances de sa part.
Mont-Carmel peut crier à la désinformation, l’interprétation, le sensationnalisme et les titres polarisants tant qu’elle le veut afin de faire porter le chapeau de la mauvaise foi aux médias, mais la réalité demeure qu’elle a mal géré ses communications dans ce dossier et qu’elle continue, en plus de s’être peu préoccupée des problématiques sur le site du Camping du lac de l’Est qui est sa propriété, avant qu’elle n’en reprenne pleinement la gestion le 20 mars dernier. Jouer les victimes plutôt que de reconnaître sa responsabilité n’y changera rien.
Seule bonne nouvelle issue de cette séance du 3 mai, le conseil municipal a officialisé la nomination d’une coordonnatrice aux activités communautaires et aux communications. Avouons-le, cela ne fera certainement pas de tort dans les circonstances…