Le 17 janvier 1920 à minuit, le gouvernement américain adoptait le 18e amendement à la constitution, visant à instaurer un régime de prohibition de l’alcool. Toutefois, il ne pouvait se douter qu’un réseau de contrebande s’organiserait à la frontière du Canada et des États-Unis.
La contrebande à l’époque de la prohibition a fait naître bien des rumeurs et beaucoup de suspicion. Les bootleggers, comme on les appelait, avaient plus d’un tour dans leur sac pour faire transiter ici et là leur précieuse cargaison. Le réseau Miquelon–Côte-Nord–Bas-Saint-Laurent s’est donc mis en place.
Dans le Bas-Saint-Laurent, le principal réseau est établi entre Rivière-du-Loup, Rivière-Bleue et Escourt dans le Maine. Sur la Côte-du-Sud, en bordure du fleuve, plusieurs racontent qu’il y eut une forme de contrebande de Berthier-sur-Mer jusqu’à Matane, en passant par L’Islet et Saint-Alexandre, où l’on trouve un important dépôt d’alcool à l’époque.
Le gouvernement du Québec considère la contrebande de spiritueux comme un énorme problème. En instituant la Commission des alcools en 1921, il peut surveiller le commerce et appréhender les malfaiteurs. Les autorités découvrent des caches un peu partout.
En 1932, un cultivateur de Sainte-Félicité est reconnu coupable d’avoir caché 359 gallons d’alcool et 46 bouteilles de scotch whisky. De nombreuses saisies d’alambics et d’alcool se succèdent dans le Bas-Saint-Laurent, et aussi à Saint-Pamphile et à L’Islet.
Par diverses activités, on aime bien évoquer cette période. En 1984, la simulation de l’arrivée de contrebandiers au quai de Saint-Roch-des-Aulnaies s’est intégrée à la première édition du Festival des contrebandiers. La salle des Contrebandiers, que l’on retrouve dans cette localité, rappelle ce festival.
Pour en savoir plus : Thivierge, Nicole et Gagnon, Brigitte, « L’est du Québec et la contrebande d’alcool », dans Cap-aux-Diamants, Numéro 28, 1992; Yves Hébert, La prohibition sur la Côte-du-Sud.