Mont-Carmel doit assumer ses responsabilités dans la fermeture précipitée du Camping du lac de l’Est. Par le fiasco communicationnel qui a suivi la sortie de la nouvelle, non seulement la Municipalité semble rejeter la faute sur les autres, mais l’ensemble de l’œuvre ressemble à une vendetta l’opposant à la Corporation de développement de Mont-Carmel avec, entre les deux, les campeurs saisonniers qui en font les frais.
Ce constat est ce qui se dégage de la résolution adoptée en séance extraordinaire par le conseil municipal de Mont-Carmel, le 11 avril dernier. Par les points qu’elle y énumère, la Municipalité suggère qu’elle est contrainte de fermer cet été, en raison du manque de diligence de la Corporation dans le transfert des dossiers relatifs à la gestion du Camping.
Pour ceux qui l’ignoraient, la Corporation avait depuis plusieurs années la responsabilité de gérer les installations du Camping du lac de l’Est selon une entente qui la liait à la Municipalité, propriétaire des infrastructures. En février dernier, le président de la Corporation Denis Lévesque mentionnait au Placoteux que son organisation allait mettre un terme à ce partenariat qui a pris fin officiellement le 20 mars dernier, selon la résolution adoptée le 11 avril.
Trois semaines plus tard, voilà que la Municipalité trouve tout le processus de transfert de gestion plutôt lent. Elle insiste sur ce point de manière répétitive dans sa résolution, préalablement au considérant lié à la vétusté des installations, censé justifier le départ précipité des campeurs demandé pour le 23 juin, mais qui ne ressort que dans les derniers paragraphes du procès-verbal.
Comment ne pas y voir un règlement de compte face à la Corporation qui, visiblement, a refilé une patate chaude à la Municipalité de Mont-Carmel en lui remettant les clés de son camping ? Quoi retenir d’autre de cette résolution sinon que la Municipalité cherche à faire porter l’odieux de cette fermeture précipitée à la Corporation de développement, alors qu’elle était pourtant au courant de l’état de situation du Camping ?
On comprend Denis Lévesque qui s’est empressé de remettre les pendules à l’heure en disant « refuser de porter le blâme ». À titre d’ancien maire de Mont-Carmel durant huit ans, autrefois propriétaire d’une ferme laitière de 120 vaches holsteins dont son fils a depuis pris la relève, et pour avoir présidé Groupe coopératif Dynaco puis Avantis Coopérative du moment de la fusion de cette nouvelle entité jusqu’à tout récemment, il est bien placé pour affirmer que le transfert de gestion d’un camping de 132 sites ne s’effectue pas en criant ciseau, encore moins lorsqu’une des parties impliquées est constituée uniquement de bénévoles !
Ensuite, lorsqu’il affirme que « certains membres du conseil municipal ont pensé que c’était facile de gérer un camping, de trouver de la main-d’œuvre, et tout », Denis Lévesque met probablement le doigt sur une des véritables raisons derrière cette fermeture, quelque chose de conjoncturel qui n’a absolument rien à voir avec la diligence de la Corporation. Dans sa résolution, la Municipalité évoque bien quelques considérants relatifs au bon fonctionnement d’une entreprise touristique comme le Camping du lac de l’Est, mais encore là, ce n’est pas sur quoi elle insiste le plus.
Doit-on s’en surprendre ? Il est quand même question ici d’une Municipalité qui n’a pas assumé ses responsabilités ces dernières années devant la désuétude accélérée des installations du Camping, et cela, malgré des appels répétés de la Corporation à procéder à des investissements. Il s’agit aussi de la même Municipalité qui, par la voix de son maire Pierre Saillant, semble vouloir se dégager de toute imputabilité face aux campeurs en se cachant derrière une rencontre tenue l’automne dernier et où il aurait été évoqué que ceux-ci pourraient être amenés à quitter les lieux, advenant des travaux d’aqueduc et d’égout sur le site.
Or, comme il ajoute par la suite, le montant de ces travaux n’est toujours pas estimé et des demandes de subventions devront être adressées. On comprend donc qu’aucune tranchée ne sera creusée cet été au Camping du lac de l’Est… mais, nous vous prions tout de même de quitter les lieux au plus tard le 23 juin, au risque de voir vos biens finir au dépotoir avec, en prime, des frais de 250 $ qui vous seront déduits de votre remboursement de location déjà engagé. Quel manque de considération !
On comprend bien aujourd’hui pourquoi la grogne des campeurs est aussi palpable et qu’ils se regroupent en lançant une pétition et une manifestation le 3 mai prochain, lors de la prochaine séance du conseil municipal. Si abdiquer devant ses responsabilités a un prix, il y a toujours bien des limites à en faire porter le chapeau aux autres et à en faire payer, par la bande, de pauvres saisonniers.