Le congrès national du Parti conservateur du Canada avait lieu récemment à Québec. Force est de constater que, du point de vue des communications, ce fut un succès éclatant et sans anicroche, de par la garde rapprochée de l’actuel chef de cette formation politique, Pierre Poilievre.
Ce dernier a encore martelé un de ses enjeux fétiches qui, avouons-le, est le sujet de l’heure autant au Canada qu’au Québec, soit l’inflation galopante. Selon des chiffres datant du mois de janvier dernier, le prix moyen d’une maison au Canada serait de 777 200 $. Les prix des logements auraient ainsi augmenté de 48 % en dix ans, tandis qu’au Québec on parle davantage de 469 900 $.
Je présume ici que le salaire moyen des Canadiens et des Québécois n’a pas augmenté de 48 %. Même nos députés provinciaux, qui ont récemment connu une vertigineuse hausse de salaire de 30 %, n’ont pas atteint ce pourcentage…
Ce qu’il faut comprendre de ces données, c’est que la plupart des Canadiens, comme des Québécois, doivent emprunter à une institution financière afin d’être en mesure de s’acheter une demeure.
Lorsque le taux hypothécaire est bas, budgéter un tel achat est dans la mesure du possible. Toutefois, avec les multiples augmentations du taux directeur de la Banque du Canada visant à freiner l’inflation (à dix reprises en un an et demi), beaucoup de Canadiens et de Québécois n’auront désormais plus les moyens de continuer à payer leur emprunt lorsque viendra le temps de renégocier leur taux hypothécaire, alors que se loger est un besoin de base qui devrait être accessible au plus grand nombre.
Rappelons également que selon les données de Statistique Canada publiées au mois d’août, le Québec se classait premier pour le taux d’inflation le mois dernier, à 3,9 %, loin devant l’Ontario (3 %) et l’Alberta (2,9 %). L’inflation est donc plus forte au Québec, tant dans le secteur alimentaire (premier au Canada) que pour les logements (troisième) ou pour l’ensemble des secteurs sans compter l’énergie (premier).
Le paiement de l’hypothèque, jumelé à l’augmentation des denrées et de l’essence, écrase littéralement la classe moyenne qui voit son pouvoir d’achat diminuer, voire même être annihilé dans certains cas. Les loisirs sont désormais devenus un luxe pour bien des foyers canadiens et québécois…
À titre d’exemple personnel, j’achetais avant la crise covidienne des petits poudings pour mes enfants, d’une valeur de 1 $ pour quatre. Désormais, je me les procure à 1,39 $, soit une augmentation de 39 %… Imaginez maintenant le coût total d’un panier d’épicerie! Il n’est pas surprenant ici de constater une forte augmentation de la fréquentation des banques alimentaires.
À ce sujet, selon les plus récentes données, 1200 banques alimentaires font partie du réseau québécois, qui nourrit à peu près 671 000 personnes par mois. Il s’agit d’une hausse de 33 % par rapport à il y a trois ans, et de 9 % depuis l’an dernier, ce qui est criant de vérité. Même le gouvernement Legault a récemment annoncé une aide totalisant 34 M$ sur cinq ans, qui servira à la lutte contre l’insécurité alimentaire.
Il est donc clair à mon avis que Pierre Poilievre frappe sur le bon clou en parlant abondamment de l’inflation, dont il tient Justin Trudeau responsable en la nommant habilement la « Justinflation », car il s’agit du sujet qui est sur la plupart des lèvres pour une majorité de Canadiens et de Québécois.
Rappelons à juste titre que depuis l’arrivée de Justin Trudeau au pouvoir en 2015, ce dernier a littéralement doublé la dette canadienne (désormais plus de 1291 G$), ce qui veut explicitement dire que, sous son règne, il a autant endetté le Canada que depuis sa fondation en 1867. Il faut quand même le faire!
Les citoyens commencent donc à comprendre que l’argent emprunté par le Canada depuis 2015, phénomène qui s’est accentué pendant la crise covidienne, a provoqué cette inflation galopante qui désormais étrangle le contribuable canadien et québécois.
Les libéraux dans le trouble
Dans le dernier sondage Abacus datant du début septembre, 40 % des Canadiens affirment avoir l’intention de voter pour le Parti conservateur du Canada, versus un maigre 26 % pour les libéraux de Trudeau, ce qui place les troupes de Pierre Poilievre en zone majoritaire. Quant au NPD, il ne récolte que 19 % des intentions de vote.
Le PCC est par ailleurs premier dans la majorité des provinces, mis à part au Québec, où il arrive en troisième place, avec quand même 25 %, trois points de moins que les libéraux qui se situent à 28 %, alors que le Bloc arrive bon premier avec 30 % des intentions de vote. Il s’agit évidemment d’une douche froide pour les députés libéraux qui, dit-on, commencent même à critiquer ouvertement le leadership de leur chef sur la place publique, voyant l’hécatombe arriver.
Par contre, les libéraux ayant une entente avec le NPD jusqu’en 2025 afin de maintenir leur gouvernement minoritaire, il est peu probable que ceux-ci souhaitent partir en élection, puisque la conjoncture politique leur est totalement défavorable.
Je ne serais d’ailleurs pas surpris que les députés libéraux éjectent Justin Trudeau de la chefferie de leur parti, jugeant que ce dernier, qui en fut naguère la locomotive en raison principalement de son nom de famille, est désormais le talon d’Achille de leur formation politique.
Qui plus est, les mantras à répétition des changements climatiques, couplés aux politiques d’endettement et de taxation supplémentaire alliés à « l’agenda woke », ne pèsent que peu dans la balance par rapport à la crise économique et inflationniste où les Canadiens et les Québécois ont peine à boucler leur budget, faisant des loisirs un luxe où le plaisir est désormais pratiquement hors d’atteinte…
Toutefois, avec la pression populaire, le NPD pourrait, malgré lui, être contraint de voter contre les libéraux, et faire ainsi chuter ce gouvernement minoritaire.
Généreux en excellente position
Le député conservateur de la circonscription, Bernard Généreux, qui a remporté aisément l’élection en 2021 avec 50,4 % des voix, alors que son parti n’avait que peu performé sur la scène canadienne, devrait, avec la conjoncture présente, remporter facilement le nouveau comté qui inclura, à la prochaine élection, la MRC de Témiscouata.
Bien que son bilan dans l’opposition n’ait pas apporté grand-chose de concret dans la circonscription contrairement à son premier mandat au gouvernement de 2009 à 2011, il n’en demeure pas moins que sa présence sentie sur le terrain avec son équipe, tout en ayant en face de lui des associations politiques moribondes incapables de démontrer un minimum d’opposition, lui confère un avantage certain.
Ajoutez à l’équation un PCC en zone majoritaire dans les sondages au Canada, tout en étant en meilleure posture au Québec, Bernard Généreux pourrait avoir droit à une balade dans le parc pour être élu dans le nouveau comté de Côte-du-Sud—Rivière-du-Loup—Kataskomiq—Témiscouata.
Reste à savoir maintenant si Pierre Poilievre souhaitera lui pardonner ses fautes et ses nombreuses critiques salées — en lien avec son appui à Jean Charest pendant la dernière course à la chefferie —, en lui conférant le poste de ministre responsable de l’Agence de développement économique du Canada pour la province de Québec, comme le souhaite le principal intéressé.
Après tout, si Mélanie Joly est aux Affaires étrangères, et que Chrystia Freeland est ministre des Finances d’un pays du G7, il me paraît fort probable que Bernard Généreux puisse aisément devenir ministre de DEC Canada pour la province et qu’il pourrait même y avoir du succès. Rien ici n’est impossible en ce qui me concerne…