On savait que les libéraux de Justin Trudeau tiraient de la patte au Canada face aux conservateurs de Pierre Poilievre, mais on assistait tout de même à une forte résistance du PLC au Québec, qui malgré tout réussissait, pas plus tard qu’en novembre dernier, à se maintenir deuxième dans les intentions de vote dans la belle province avec 27 %, juste après le Bloc québécois, qui récoltait 30 %.
Il semble toutefois que seulement trois mois après ce coup de sonde de la firme Léger, les libéraux se soient vigoureusement écrasés. Aujourd’hui, ils ne récoltent plus que 21 % des intentions de vote, ce qui représente une baisse marquée de six points. En effet, selon le dernier sondage Léger datant de la fin février, le Parti conservateur du Canada est désormais second dans la faveur populaire au Québec en obtenant 29 % des intentions de vote, alors que la formation d’Yves-François Blanchet en recueille 32 %. Au Canada, les conservateurs (41 %) sont en avance de 16 % sur les Libéraux (25 %).
Avec de tels résultats, les conservateurs pourraient espérer faire des gains concrets lors des prochaines élections fédérales au Québec. En contrepartie, la dégringolade des libéraux pourrait même ébranler des circonscriptions de l’ouest de Montréal, de sorte que si des élections devaient avoir lieu prochainement, le PLC pourrait se voir entièrement éjecter du Québec francophone, un peu à l’image du PLQ au Québec.
L’incompétence au grand jour
Il faut toutefois l’admettre : qui aurait cru que des gens votant traditionnellement libéral à Montréal seraient en train d’envisager de voter conservateur? Mais, diantre, que s’est-il passé pour assister à une telle chute du gouvernement Trudeau? La réponse est simple, il s’agit essentiellement d’incompétence!
Que ce soit la dette canadienne, qui a doublé depuis l’arrivée de PET junior à la tête du pays (1297 G$); le système de paye Phénix, qui a coûté 2,2 G$ aux contribuables canadiens, alors que le budget initial pour celui-ci en 2009 était de 309 M$; le scandale d’ArriveCAN, censé coûter 80 000 $, pour une facture finale de près de 60 M$; l’ovation d’un ex-soldat de la Waffen-SS à la Chambre des communes; l’application exagérée de la Loi sur les mesures d’urgence contre le convoi de la liberté à Ottawa; la crise de l’immigration et du logement; l’ingérence chinoise dans les élections canadiennes; les 400 000 $ en chambres d’hôtel, y compris une chambre de 4800 $ pour Justin Trudeau lors du décès de la reine Élisabeth II; la propagande woke à toutes les sauces, jumelée à une crise inflationniste sans précédent; comment, à la lumière de ces informations, voulez-vous décrire le gouvernement Trudeau par un autre terme qu’incompétent?
Une leçon non comprise
En 1936, le Parti libéral du Québec est au pouvoir depuis l’élection générale de 1897, soit 39 ans. Toutefois, le 7 mai de la même année s’ouvrent les sessions du Comité des comptes publics de l’Assemblée législative. Elles sont convoquées par le chef de l’opposition, le conservateur Maurice Duplessis, allié à l’Action libérale nationale de Paul Gouin, une branche dissidente du PLQ de l’époque, dirigé, lui, par le premier ministre Alexandre Taschereau. Durant ces sessions, Duplessis attaquera sans relâche la corruption et le gaspillage qui règnent au gouvernement, avec l’efficacité légendaire propre au personnage qu’était celui qu’on nommera par la suite « le chef ».
Non pas que la population canadienne-française du temps n’ait pas été habituée à cette forme de corruption au sein du gouvernement du Québec, mais le facteur de la crise économique des années 30 — en raison du krach boursier de 1929 — avait provoqué une hausse vertigineuse de la pauvreté, au point qu’en 1932, le taux de chômage dans la belle province était de 26,4 %, un sommet dans l’histoire du Québec.
En 1936, bien que la situation se soit améliorée, la pauvreté se faisait encore fortement sentir. C’est donc en raison de l’effet de la Grande Dépression sur la population que l’Union nationale de Maurice Duplessis a pu rafler 76 circonscriptions, et que le Parti libéral s’est retrouvé avec seulement 14 sièges à l’Assemblée législative. En d’autres termes, les citoyens, dans les circonstances économiques de l’époque, en avaient soupé de la corruption et de la mauvaise gestion, alors qu’une myriade d’entre eux étaient incapables de joindre les deux bouts.
Aujourd’hui, c’est le même phénomène qui se produit. Plusieurs millions de Canadiens ont de la difficulté à payer leurs factures, les faillites se succèdent à un rythme effarant, le coût de l’épicerie ne cesse d’augmenter, les maisons ne sont plus achetables, et les taux hypothécaires sont à la hausse. Pendant ce temps, notre acteur de série B à la tête du pays, qui doit par ailleurs son élection essentiellement au fait qu’il porte le nom de son défunt père, dépense sans compter en promettant, notamment, des milliards que nous ne possédons pas pour la guerre en Ukraine face aux Russes — une guerre impossible à gagner, selon plusieurs spécialistes de la géopolitique.
Oubliez aussi le retour à l’équilibre budgétaire à Ottawa sous les libéraux, car au terme de plusieurs semaines de négociations, le gouvernement Trudeau et le NPD ont finalement réussi à s’entendre sur le projet de loi visant à jeter les bases d’un régime universel d’assurance médicaments, écartant du coup la possibilité d’un appel aux urnes en 2024. Douze à treize milliards de plus par année s’ajoutent désormais au budget du Canada! Il n’y a rien là, on engagera encore plus de fonctionnaires pour en faire toujours moins, comme le veut l’usage sous Trudeau…
Il y a un adage qui dit que lorsqu’on se compare, on se console. À la lumière du décès de l’ex-premier ministre du Canada, Brian Mulroney, si on compare l’héritage de ce personnage politique à celui que va nous laisser Justin Trudeau, il est clair qu’on ne peut pas répéter cette célèbre phrase. Il n’est donc pas surprenant ici que les libéraux sous la gouverne de Trudeau ne récoltent que 21 % des intentions de vote au Québec, et seulement 25 % au Canada.
Généreux sur la voie rapide
À la lumière des derniers sondages, le député conservateur de Montmagny–L’Islet–Kamouraska–Rivière-du-Loup, Bernard Généreux, ne doit pas angoisser outre mesure pour sa prochaine élection, lui qui a récolté plus de 50 % des voix au dernier rendez-vous électoral. Qui plus est, le seul parti politique à pouvoir rivaliser localement avec Généreux, en l’occurrence le Bloc, n’a pas encore trouvé de candidat pour l’affronter.
De plus, l’annonce récente de l’ex-candidat bloquiste de la circonscription fédérale, Simon Bérubé, de se présenter à l’investiture de Québec peut laisser croire que les chances de battre le député sortant aux prochaines élections ne sont pas très élevées. C’est d’ailleurs ce qu’avance le site de projection électorale Qc125, qui annonce que dans le comté, Bernard Généreux récolte 64 % des intentions de vote, alors que le Bloc arrive loin derrière avec 22 %. Pour le PLC, c’est la catastrophe, puisqu’il ne récolte que 9 %. Le NPD ferme la marche avec un maigre 3 %.