Quand le fleuve inspire : Luminescence éclaire Saint-Jean-Port-Joli

Artisans et dignitaires entourent Chantal Caron pour la traditionnelle coupure du ruban.

Un nouveau souffle artistique a transformé le parc des Trois-Bérets de Saint-Jean-Port-Joli récemment, alors que l’installation Luminescence a illuminé la noirceur automnale. Au crépuscule, lors du lancement, un coucher de soleil flamboyant s’est mêlé au cri des oies blanches, accompagnant les visiteurs venus célébrer l’art vivant de Chantal Caron et de Fleuve | Espace danse.

« Nous voulions marquer notre empreinte sur ce territoire qui inspire depuis toujours notre démarche », a confié Chantal Caron. Avec cette installation qui associe vidéo, lumière et son, l’artiste rend hommage aux mouvements du fleuve et aux cycles naturels de la vie. L’œuvre prend forme à travers des projections poétiques, des fragments de films, et des éléments scénographiques reliant le phare du sentier d’interprétation maritime au parc.

Luminescence, accessible jusqu’au 8 décembre, propose une expérience immersive reliant les spectateurs à l’énergie brute du fleuve. La pièce maîtresse, le court métrage Marée noire, couronné de sept prix internationaux, déploie toute sa puissance sur les écrans et dans l’atmosphère du parc. Diffusé à la COP29 sur Ikono TV, le film continue d’éblouir, après avoir remporté des distinctions en Autriche et au Nouveau-Brunswick.

Pour Mme Caron, ce projet marque une évolution vers une nouvelle visibilité : « Nous étions rendus là. Cette forme numérique permet de toucher des communautés variées, autant celles qui aiment la danse que celles passionnées par les arts visuels. »

Des extraits du film Marée noire, projetés dans le parc, explorent avec poésie les conséquences des déversements de pétrole, tandis que Prendre le Nord, diffusé sur trois écrans autour du phare de la marina, magnifie l’aridité et la puissance des paysages nordiques. « L’idée de Marée noire est née de la tragédie de Lac-Mégantic en 2013. Je voulais parler de l’impact du pétrole, mais je ne m’en sentais pas capable à l’époque. Vieillir m’a donné la maturité pour aborder ce sujet complexe », confie-t-elle.

Les images du film, tournées dans des conditions extrêmes — comme une tempête de neige à moins 33 degrés —, révèlent une nature brute, sublimée par la gestuelle des danseuses inspirée des oiseaux et des mouvements des feuilles. « J’aime que l’humain soit, au même titre qu’un animal, au cœur d’une nature qui l’entoure et le dépasse », ajoute-t-elle.

Une histoire d’amour-haine avec le fleuve

La relation de Chantal Caron avec le fleuve remonte à son enfance, lorsque les crues printanières éveillaient en elle une crainte mêlée de fascination, puisqu’avec les inondations annuelles, elle craignait que sa maison ne soit emportée par les flots. Avec les années, elle a transformé cette peur en une fascination artistique.

« Ce territoire, je le ressens dans mes os. C’est ici que tout commence et que tout revient », dit-elle. En cette année où Fleuve | Espace danse célèbre ses 40 ans, Luminescence marque une étape importante, s’ouvrant au numérique et à l’installation pour mieux décliner son art. L’installation peut être admirée gratuitement de jour comme de soir jusqu’au 8 décembre.

Le parc des Trois-Bérets est le théâtre de Luminescences jusqu’au 8 décembre. Photos : Marc Larouche