L’aventure Trump a atteint un sommet avec sa victoire électorale du 5 novembre, qui lui a donné le pouvoir absolu sur le plus puissant pays au monde. Le monde entier est en attente de ce qui va en résulter au cours des prochaines quatre années.
Mon hypothèse est que Trump est un imposteur.
Sans doute frustré dès son enfance, sa vie aura été une course continuelle pour compenser une humiliation intime mal vécue par une recherche de pouvoir. Il a d’abord voulu démontrer à tout le monde qu’il était un grand homme d’affaires dans l’immobilier, mais tout indique que ses succès sont le fruit de multiples échecs, camouflés ou réchappés par des procédés plus ou moins mafieux, y compris du financement de la part d’oligarques russes qui l’ont toujours à l’œil. Puis, il s’est mis en tête de devenir une vedette de la télévision, et a obtenu un succès certain avec la téléréalité. Depuis 15 ans, il a décidé de s’attaquer au pouvoir politique au plus haut niveau, celui de la présidence des États-Unis.
Quel est son plan? Se présenter, lui, le riche sans scrupules, accusé de toutes les perversités, comme le sauveur du petit peuple américain dépossédé par la mondialisation et la guerre au pétrole, trahi par ses élites, refoulé par une immigration massive incontrôlée, méprisé par une gauche intellectuelle woke dominante dans les médias, méprisé pour ses croyances religieuses, étouffé par l’inflation et les impôts, privé de filet social, habité par la peur, la haine, la colère et le ressentiment. Trump a choisi de se présenter comme celui qui allait redonner la grande Amérique d’autrefois à tous ces Américains laissés pour compte. D’ailleurs, il n’hésite pas à répéter que Dieu lui a sauvé la vie pour lui permettre de sauver l’Amérique. Et ce n’est pas le premier dans l’histoire à tenter le coup : c’est le discours de l’imposteur, H et la recette du populisme depuis toujours.
Là où les choses se compliquent, c’est comment l’imposteur peut rendre crédible auprès du peuple la solution simpliste et illusoire qu’il leur offre. Dans le passé, l’armée, la propagande, la censure et le charisme (capacité de susciter l’adhésion) furent souvent les moyens d’obtenir cet appui inconditionnel. Dans le cas de Trump, le procédé a quelque chose d’inédit : il n’a cessé d’afficher une désinvolture et des comportements haineux, grossiers, mensongers et même criminels, qui auraient normalement disqualifié n’importe quel leader. Mais, sans doute parce que nous sommes à l’ère des fake news, et des médias sociaux éclatés et décomplexés, ses comportements et ses propos ont vraisemblablement été considérés par ses partisans comme des audaces libératrices et une sorte de bluff visant à intimider l’adversaire, permettant par la suite une négociation efficace : une tactique d’intimidation.
En réalité, tout le monde s’est laissé prendre au jeu de Trump : ses partisans, ses adversaires, le monde entier… et Trump lui-même. L’imposture est totale, car Trump n’a rien à offrir : c’est un « péteux de broue » et un provocateur, ignare, incompétent, vaniteux, vengeur, autoritaire et pervers, qui ne peut qu’engendrer le chaos. Sa collusion avec le multimilliardaire Elon Musk en dit long : en réalité, il travaille pour les riches et les dictateurs.
Mais nous en sommes tous désormais prisonniers, car en démocratie, c’est le peuple qui décide qui a raison. Heureusement, si le peuple peut se tromper… il peut aussi se reprendre, et chercher de vraies solutions aux besoins des gens et du monde.